A. L. F. le film - DVD + BR en vente

Prochaines séances spéciales :


Mardi 18 Décembre : 19H00 à PERPIGNAN - (66)
Soirée spéciale au cinéma "Castillet" de Perpignan, en présence de Julien Saiman et Gildas Richard, professeurs de philosophie
1 Boulevard Wilson, 66000 Perpignan - 08 92 68 75 35
http://www.cine-movida.com/castillet/

Cela fait plusieurs semaines que le film est en salle et que l’on peut lire et entendre des retours critiques du public et de la presse. Jérome Lescure voulait que son film soit utile à la cause qu’il défend. Contrat rempli ?

Les réactions s’avèrent très tranchées, même si la note du public sur Allo-Ciné et, à une moindre échelle, sur IMDB, est de 8/10, est une très bonne note. Il faut en fait couper le public en deux :

Du coté des militants, le public se retrouve dans ce polar à travers les personnages décrits. L’intelligence du réalisateur a été de prendre des personnages différents, sans liens apparents et pouvant représenter la diversité des militants que l’on rencontre sur les manifestations : jeunes ou vieux, riches ou pauvres, artistes ou techniciens, …. La psychologie et la sensibilité des personnages y étant particulièrement développées, l’indentification y est plus facile. On ne peut résister très longtemps au jeu d’Alexandre Laignier dans sa « confession » lorsque l’on est touché soi même par la cause animale.

Du coté du « grand public », cible majeure du réalisateur, il en est tout autre. Il y aura, heureusement, des réactions positives comme ces personnes qui découvrent l’horrible réalité à travers les images « flash » de vivisection ou d’abattage (rappelons au passage que le réalisateur a travaillé dans ce secteur et connaît donc la réalité). Elles se renseignent ensuite, veulent utiliser des produits non testés, sont prêtes à changer leurs habitudes. Et puis il y a ceux qui sont choqués que le film les montrent du doigt à travers le personnage du policier qui se laisse aller, dériver et n’a plus envie de changer les choses. Ce public se sent injustement accusé et va donc manifester cela à travers un rejet du film, admettant, au mieux, que tout n’est pas mauvais. Ce comportement se retrouve souvent lorsque l’on parle des motivations au végétarisme ou même à préserver la planète : « moi tout seul, ça ne changera rien, de toute façon »

Du coté des critiques professionnels, l’avis est très tranché : Il y a la mauvaise foi habituelle de ceux qui n’ont peut être pas vu le film tant l’avis n’est pas argumenté et se résume à une ligne, une fois expurgé des banalités d’usage. Et puis il y a l’avis argumenté du Monde qui s’attendait à autre chose et trouve que le coté militant l’emporte trop sur l’intrigue. C’est aussi ce qui a été remonté en Off par d’autres personnes de la profession qui n’ont pas souhaité traiter le sujet sur leur média. Le point critique vient des images dites « choquantes », que beaucoup de militants ne voulaient pas revoir et qui ne constituent pourtant qu’une partie infime du film. Filmées en caméra cachée, elles peuvent laisser penser aux plus naïfs qu’il s’agit de manipulation… Manipulation ? Mais pour qui et pour quoi alors que le gain est du coté des laboratoires et non des détracteurs et militants. Les 2 premières minutes peuvent effrayer et sont ressenties comme un coup de poing. Certains ne retiendront que cela sans aller jusqu’à la remise en question que propose le film.

Et pourtant, du coté des militants, il y a les « Pour plus d’images », qui veulent choquer le spectateur durablement et ceux pour lesquels c’est insupportable. Ce type de remarque intervient dans d’autres types de médias comme la publicité pour la sécurité routière : Entre discours éducatif et images chocs, nous avons eu droit à tous les styles. Il faut se rendre à l’évidence, nous ne sommes pas tous égaux face à la souffrance des autres et à l’empathie. Sans dire que certains n’ont pas de coeur, il faut avouer qu’il y a plusieurs manière d’appréhender un sujet, comme dans l’éducation. Alors peut-être aurait-il fallu une vision moins tranchée de l’opposition que représente le policier face à Franck, le héros de l’histoire. A bien y regarder, il y a un autre personnage, celui de l’adjoint. Lui n’est pas résigné à laisser les choses faire. Il est pour ce qu’il se passe dans les labos, les abattoirs, ou au pire, l’animal l’indiffère totalement …. Il y a en lui de la violence, une envie de domination de l’autre avec pourtant des failles comme ce moment d’échange avec Franck autour d’un café. Ce personnage est ressenti comme détestable mais représente pourtant une autre frange de la population qui considère tout comme acquis : la chasse, l’animal objet, le test sur les animaux pour valider des médicaments, des cosmétiques. Cette population qui croit en la force des traditions, des habitudes comme ce chercheur anonyme croisé sur un forum qui ne veut pas remettre en cause la moindre méthode parce que des médicaments ont été sortis avec succès comme cela ou bien encore un collègue qui ne supporte pas de voir son jardin « envahi » par le moindre animal.

Au fond, le débat en revient à une question essentielle sur la place de l’homme face à la nature, et plus précisément à l’animal. Lequel est au service de l’autre ? La question n’a évidemment pas de sens du point de vue anti-spéciste qui considère les deux à égalité. Plus généralement, cette notion de dominant-dominé est au coeur de notre société humaine. Si A.L.F. se focalise sur la cause animale, le grand public devrait aussi aller un peu plus loin dans son interprétation du film. Ce rapport de domination de l’Homme sur les autres est universel et pourtant perçu comme inadmissible par beaucoup. C’est ce qui fera dire au prix Nobel de littérature Isaac Bashevis Singer, rescapé de la Shoah, que « pour les animaux, c’est un éternel Treblinka ». Ceux qui trouvent le film intéressant sur le sujet mais trop partisan pourraient s’interroger sur ce qu’ils penseraient pour un film identique dans sa forme mais abordant le racisme, le viol et les rapports homme-femme, ou tout autre rapport humain utilisant la force pour s’imposer. Il est ainsi plus facilement admis qu’un film anti-raciste soit partisan. Il est ainsi admis plus facilement que Costa-Gavras dénonce le rôle de l’église dans la Shoah dans son film « Amen », que l’on dénonce les ravages supposés de la Perche du Nil dans le « Cauchemar de Darwin », que Michael Moore ridiculise George W Bush dans son « Fahrenheit 9/11″, palme d’or au festival de Cannes. On n’est jamais prophète en son pays, dit-on, et les dizaines de prix récoltés par le film de Jérome Lescure l’ont été à l’étranger.

Il y a dans ces films des personnages passifs qui ont laissé faire ces massacres, ces guerres…. Sauf que le public n’est pas touché aussi directement que dans A.L.F. qui dénonce le comportement de chacun des spectateurs. Oui, vous ne pouvez plus ignorer ce que VOUS contribuez à faire. Le Cauchemar de Darwin a été dénoncé pour son montage partisan et n’a pas vraiment remis en cause l’utilisation mondiale des ressources halieutiques. Mais en France tout le monde (globalement) a aimé les films de Michael Moore parce que le problème n’est pas chez nous. A.L.F., à l’image d’autres films qui s’attaquent à des problèmes de société actuels, prend un risque. Il n’est pas consensuel, ou pas assez. Mais doit-on l’être face à toutes les erreurs de notre société lorsqu’elle conduit à des massacres, des injustices jusqu’à ce qu’on dise un jour, lorsqu’il est trop tard : STOP ?

A l’heure où l’on parle beaucoup de l’Aéroport de Notre Dame Des Landes dans les médias, on remarquera que le projet a mis 40 ans à se faire, que des associations locales se battent depuis tout ce temps mais que les ténors de la politique ne se sont mis à se déplacer sur place que depuis quelques mois seulement, au moment où les travaux commencent. A.L.F. pose aussi cette question : Quand on réagira, quand on réalisera, ne sera-t-il pas trop tard ? Une question bien plus universelle que le simple sujet de l’animal, n’est-il-pas ?

Lilith a écrit:Prochaines séances spéciales :



Jeudi 10 Janvier : à LONGWY - (54) - (horaire à confirmer)
Soirée spéciale au cinéma "Utopolis" de Longwy, en présence de Jérôme Lescure
Avenue de Saintignon, 54400 Longwy - Téléphone 03 82 39 59 30
http://www.utopolis.fr

Jeudi 24 Janvier : 20H15 à SEMUR EN AUXOIS - (21)
Soirée spéciale au cinéma "L'Eldorado" de Dijon, en présence de Jérôme Lescure
21 Rue Alfred de Musset, 21000 Dijon - Tel 03 80 66 51 89
http://cinema-eldorado.fr/