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"Un Éternel Treblinka"
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"Un Éternel Treblinka"
Wikipedia : Isaac Bashevis Singer (né Yitskhok-Hersh Zynger, en yiddish : יצחק באַשעװיס זינגער) est un écrivain polonais naturalisé américain, né à Leoncin (en Pologne) le 21 novembre 1902 et décédé le 24 juillet 1991 à Miami en Floride.
Auteur de romans en yiddish, il reçut le prix Louis Lamed à deux reprises puis le National Book Award en 1974 (ex æquo avec Thomas Pynchon) et finalement le prix Nobel de littérature en 1978 "pour son art de conteur enthousiaste qui, prenant racine dans la culture et les traditions judéo-polonaises, ramène à la vie l'universalité de la condition humaine."
En 2002 est paru en anglais aux éditions Lantern Books (New York) Eternal Treblinka: our Treatment of Animals and the Holocaust, livre de près de 200 pages de Charles Patterson. L'ouvrage sera traduit et publié en Italie, Allemagne, Pologne et République Tchèque cette année. Plusieurs personnes, dont Anne Renon, travaillent à ce qu'il soit traduit également en français. Patterson a antérieurement publié d'autres ouvrages sur les thèmes de l'Holocauste et du mouvement pour les droits civiques aux États-Unis.
Eternal Treblinka est dédié à la mémoire d'Isaac Bashevis Singer et c'est à ce dernier que Charles Patterson a emprunté la citation mise en exergue de son ouvrage.
Editions Calmann-Levy :
Sciences Humaines et Essais 01/2008
La souffrance des animaux, leur sensibilité d’êtres vivants, est un des plus vieux tabous de l’homme. Dans ce livre iconoclaste – que certains considéreront même comme scandaleux –, mais courageux et novateur, l’historien américain Charles Patterson s’intéresse au douloureux rapport entre l’homme et l’animal depuis la création du monde.
Il soutient la thèse selon laquelle l’oppression des animaux sert de modèle à toute forme d’oppression, et la « bestialisation » de l’opprimé est une étape obligée sur le chemin de son anéantissement. Après avoir décrit l’adoption du travail à la chaîne dans les abattoirs de Chicago, il note que Henry Ford s’en inspira pour la fabrication de ses automobiles. Ce dernier, antisémite virulent et gros contributeur au parti nazi dans les années 30, fut même remercié par Hitler dans Mein Kampf. Quelques années plus tard, on devait retrouver cette organisation du « travail » dans les camps d’extermination nazis, où des méthodes étrangement similaires furent mises en œuvre pour tétaniser les victimes, leur faire perdre leurs repères et découper en tâches simples et répétitives le meurtre de masse de façon à banaliser le geste des assassins.
Un tel rapprochement est lui-même tabou, étant entendu une fois pour toutes que la Shoah est unique. Pourtant, l’auteur yiddish et prix Nobel de littérature Isaac Bashevis Singer (qui a écrit, dans une nouvelle dont le titre de ce livre est tiré, « pour ces créatures, tous les humains sont des nazis ») fut le premier à oser la comparaison entre le sort réservé aux animaux d’élevage et celui que les hommes ont fait subir à leurs semblables pendant la Shoah.
S’inspirant de son combat, Patterson dénonce la façon dont l’homme s’est imposé comme « l’espèce des seigneurs », s’arrogeant le droit d’exterminer ou de réduire à l’esclavage les autres espèces, et conclut son essai par un hommage aux défenseurs de la cause animale, y compris Isaac Bashevis Singer lui-même.
« Le livre de Charles Patterson pèsera lourd pour redresser les torts terribles que les hommes, au fil de l’histoire, ont infligés aux animaux. Je vous incite vivement à le lire et à réfléchir à son important message. »
Jane Goodall, primatologue
« Le défi moral posé par Un éternel Treblinka en fait un livre indispensable pour celui qui cherche à explorer la leçon universelle de la Shoah. »
Maariv, journal israélien
Interview de Charles Patterson
http://www.l214.com/france-culture-eternel-treblinka2/2François Noudelmann :
Charles Patterson, dans Un éternel Treblinka, vous comparez l’holocauste nazi et l’abattage industriel des animaux, alors quel est le sujet principal, est ce que c’est le droit des animaux ou c’est l’holocauste ?
Charles Patterson :
J’en suis venu à la question du droit animal tardivement. Ce n’est pas un sujet de carrière universitaire. J’étais plus intéressé par l’histoire de l’holocauste, mon père est mort pendant la deuxième guerre mondiale, il était en France et en Hollande, et il n’est jamais revenu. Il y avait comme un trou dans ma vie et j’ai grandi avec cet intérêt pour la deuxième guerre mondiale et l’holocauste. J’ai écrit plusieurs livres à ce propos, j’ai étudié à Yad Vashem. L’holocauste, c’est vraiment ce avec quoi j’ai commencé et c’est seulement plus tard que je me suis occupé du droit des animaux, quand j’ai pris conscience que quelque chose de similaire existait dans la façon dont les victimes étaient traitées. C’est la genèse du livre. L’holocauste est alors un exemple, l’esclavage est aussi une autre façon de tuer. Les animaux et les humains sont traités de la même façon. Mais comme j’étais particulièrement intéressé par la question de l’holocauste, c’était évidemment un sujet pour moi et que je traitais en même temps.
François Noudelmann :
Est ce que vous ne pensez pas quand même que la grande différence qu’il y a entre le génocide, l’extermination des Juifs et l’abattage industriel des animaux, c’est que les Juifs étaient tués parce qu’ils étaient juifs alors que les animaux sont tués pour être mangés ?
Charles Patterson :
Oui, dans mon livre, je le dis, l’enjeu du meurtre est très très différent, c’est sûr. Mais ce qui est semblable, c’est le mécanisme qui fait mourir un nombre énorme de gens innocents. Soit dans les camps de concentration en Pologne, soit avec l’abattage industriel des animaux aux Etats-Unis, n’importe où, les processus sont pareils, blesser les êtres faibles, les abaisser, tuer les jeunes, c’était difficile pour les meurtriers de tuer les enfants, j’ai écrit surtout là-dessus, sur les méthodes, les raisons pour lesquelles les victimes étaient tuées dans les deux cas, les Juifs parce qu’ils étaient juifs et les animaux pour être mangés. Ils sont tués parce qu’ils sont des animaux, on ne mange pas les êtres humains, les Allemands ne mangeaient pas les Juifs qu’ils tuaient. Donc il y a des raisons fondamentalement différentes, mais le principe commun, c’est la capacité de faire tout ce qu’on veut aux plus faibles, qu’ils soient des animaux, des Juifs, des femmes, des esclaves.
François Noudelmann :
Vous montrez les racines communes du génocide nazi et de l’abattage des animaux, est-ce que c’est une comparaison entre différentes manières de tuer à grande échelle ou bien est-ce que vous voulez véritablement mettre en valeur une matrice de l’extermination repérable dans tous les meurtres de masse quels qu’ils soient ?
Charles Patterson :
L’argument de mon livre, c’est que l’extermination des Juifs et l’abattage des animaux fonctionnent sur le même modèle. Ca commence avec les animaux, ça se termine avec les êtres humains. Ce que nous faisons aux animaux et que la société accepte, cela nous donne la mauvaise habitude de vouloir exploiter les faibles, et malheureusement, quand des humains se retrouvent en position de faiblesse, des réfugiés, des minorités persécutées, on les appelle des animaux et on les traite comme des animaux.
François Noudelmann :
Ca a commencé quand dans l’histoire humaine ?
Charles Patterson :
Il y a très longtemps, l’ironie, c’est que, au moment de la lutte entre les espèces, les êtres humains étaient au bas de l’échelle, on était les faibles et on devait se défendre contre les lions, les animaux féroces, et maintenant nous sommes l’espèce dominante, on peut tout contrôler et tout faire aux autres animaux.
François Noudelmann :
Votre livre a été traduit dans différentes langues et dans différents pays, en hébreu, en allemand, en italien…Quelles ont été les réactions, est ce qu’elles ont été différentes selon les pays et pour quelles raisons ?
Charles Patterson :
Oui, ça a commencé avec l’anglais, j’ai eu beaucoup de mal à faire éditer le livre aux Etats-Unis. 83 éditeurs ont refusé le manuscrit et mon agent a essayé longtemps de le faire paraître. Plusieurs éditeurs trouvaient ça trop dur, c’est effectivement un livre provocateur sur ce qu’on peut faire aux animaux. J’ai donc dû le faire éditer à compte d’auteur et le faire distribuer par Lantern Book, et j’ai été surpris qu’on s’en saisisse, par exemple, en Italie. Ils l’ont traduit sur Internet, sans mon accord, mais pas de problème. Et dans la plupart des pays, il a été traduit par des petits éditeurs, en Pologne par exemple, par des végétariens. C’est seulement en Italie, en Allemagne et en France que de grands éditeurs l’ont publié. Et je suis heureux de voir les fortes réactions en France.
François Noudelmann :
Et en Israël ?
Charles Patterson :
Evidemment, quelques Juifs ont trouvé que ça banalisait l’holocauste, c’est un sujet tabou. Aux Etats-Unis aussi, il y a eu cette réaction. Mais tout ceux qui ont lu le livre respectent le travail historien. En Israël, ce fut mélangé, là-bas, il y a une attention plus forte à toutes les victimes, de toutes les espèces. Quelques-uns sont juste choqués par le titre, même s’il s’agit d’une phrase d’Isaac Bashevis Singer. Des gens réagissent avec un réflexe pavlovien à l’idée du livre, traiter des humains et des animaux ensemble, c’est d’emblée problématique. Mais de plus en plus, les gens prennent conscience du problème. C’est un nouveau débat qui apparaît. C’est comme il y a deux siècles, on n’imaginait pas qu’une femme pourrait diriger un pays. Vous, vous n’avez pas réussi, mais nous, peut-être qu’on y parviendra.
Re: "Un Éternel Treblinka"
ah oui, j'en avais entendu parlé.... ça ferait un beau cadeau de noel, si j'ose dire
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