Lettre d'un Cheval Indigné

Toi l’homme qui a dompté mes ancêtres, qui clames que je suis ta plus belle conquête,…

Tu nous a emmené mourir sur les champs de bataille, tirer des chariots dans les mines et nous y laisser agoniser. Et bien vite, tu ne t’es pas contenté de nous chevaucher fièrement. Il a fallu que tu gouttes aussi à notre chair.

Mais beaucoup de tes congénères ne savent pas tout ce que tu nous fais subir dans l’ombre. Comme les souris, les singes, les lapins, les chats, les chiens, tu nous injectes de curieux médicaments, tu nous mutiles et nous tortures dans des laboratoires. Tu utilises ensuite nos carcasses pour faire du cuir, des farines qui nourriront contre-nature d’autres animaux, Et encore, après avoir amusé tes enfants dans les centre-équestres, avoir fait des compétitions avec toi, tu trouves toujours une excuse pour nous envoyer à l’abattoir sans nous laisser profiter des champs verdoyants pour une retraite bien méritée. Et cela avec la complicité de vétérinaires peu scrupuleux. Ah, la noble profession qui devrait toujours nous soigner oublie trop souvent sa mission pour l’appât du gain, ce gain que tu vois fuir avec "l’équitaxe" et qui te fait porter un bonnet rouge…comme mon sang. Mais m’as tu demandé mon avis ?

Voilà que tu découvres ce que l’on me fait, comme à tous mes camarades animaux. 10 Euros pour mon cadavre en sortie de laboratoire, à peine le prix d’un carnet de métro parisien. Et pour me manger, on me revend 300 Euros, gavé de médicaments comme le sont les veaux, les poulets et tous les autres animaux de ferme…pardon d’usines. J’entends que tu veux interdire ma consommation en viande. Mais je continuerai de te servir et d’être sacrifié pour tant d’autres choses. Et je pense à tous mes camarades animaux qui n’ont pas la chance d’être "La plus Belle Conquète de l’Homme". Car moi aussi, je suis un indigné, et je voudrais ne plus jamais défiler à tes cotés, toi qui m’a trahi.